Pendant ce temps
Quelques gouttes de sueur
Ont perlées sur ma peau
Comme pour marquer l’heure
Où l’amour se fait beau
Je suis bien, la nuit est douce
.
Mais …
Pendant ce temps là
Il y a des gens qui pleurent
Mais
Pendant ce temps là
Il y a des gens qui meurent
Des mères qui poussent
Des corps ensanglantés
Dans des trous profonds
Les yeux désespérés
Et la ride au front
.
Tu respire doucement
La main posée sur moi
J’aime ces moments
Où la tendresse fait loi
Je te regarde, et je souris
.
Mais …
Pendant ce temps là
D’autres sont prisonniers
.
Mais
Pendant ce temps là
D’autres ont les mains liées
Et ils maudissent la vie
En suppliant leur Dieu
A genoux tête basse
Les bras tendus aux cieux
Et l’âme si lasse
.
NS - Neurhône
***
Le rêveur et l'enfant
*
J’ai vu partir
Les bateaux de Mycène
User le fer
Au sel de la mer
*
Au port d’Honfleur
Gonfler de ses navires
J’étais matelot
Se rêvant capitaine
*
J’attendais l’heure
De prendre mon cargo
Dans le soupir
De sa belle sirène
*
Comme un bon gars
Je serrais ma Margot
Sur le quai froid
Des illustres Baleines…
*
Mais… on tue des enfants
Aux quatre coins du monde
Peux tu te taire
Ne serait ce qu’une seconde ?
Comment rêver
D’amour et d’aventures
Fais le silence à tes pauvres misères,
N’entends tu pas le chant de ces blessures
Dans le sang rouge d’un ciel de colère ?
*
J’ai vu jaillir
Des cargos de tendresse
Dans le soupir
D’un soleil d’ivresse,
*
Un ciel d’azur
Tombé dans la paresse
Pour se courber
Au feu de l’allégresse
*
Partir pour sûr
O, quatre coins du monde!
Et faire la ronde
Sur un rafiot de bois.
*
Mais je suis là
A t’écrire un poème
Dans le murmure
De ma simple bohème
*
Oui, on tue des enfants
Aux quatre coins du monde
Je peux me taire
Ne serait ce qu’une seconde,
Pour écouter
Le bruit que fait le vent
Quand il nous porte les larmes d’une mère,
Mêlant ce sel au sel de l’océan
Dans le sang rouge d’un ciel de colère.
*
J’ai vu trembler
L’étoile de nos yeux
Sur la paupière
De ce monde trop vieux
*
J’ai tant parlé
Pardon à ma misère
Je n’étais qu’un homme
Perdu dans ses naguère
*
Mais qu’on assomme
Le poète et la terre
Ne serait guère
Qu’une pierre de chagrin
**
Viens mon enfant
J’écoute ta prière
Je prends ta main
Pour refaire un demain
*
Car on tue des enfants
Aux quatre coins du monde
On va se taire
Ne serait ce qu’une seconde,
Lever le poing
A la plainte du vent
Quand il nous porte les larmes de la guerre,
Mêlant ce sel au sel de l’océan
Dans le sang rouge d’un ciel de colère.
*
Lio.D